Sur les conseils de Yvon, voici donc du polard du nord. Où l'on suis les 3 premières aventures de Wallander, un flic ordinaire dans un patelin ordinaire et campagnard du sud de la Suède, Ystad.

Dans Meutriers sans visage, le personnage se forge autour d'un meurtre sordide de deux vieux dans une ferme. L'enquête est intéressante, les pistes surprenantes et plusieurs sans relation avec l'affaire sont étudiées et l'aventure est bonne. L'ambiance est particulièrement intéressante car nous sommes au début des années 90 et j'ai pris plaisir à faire une enquête "à l'ancienne", sans téléphone portable, analyse ADN et toutes les conneries que l'on retrouve dans les experts. Alors quand un personnage part à la recherche d'une cabine téléphonique ou se passe des cassettes audios dans la voiture, cela fait doucement sourire et permet de mieux se concentrer sur le contenu. Un peu comme si l'on regardait les Tontons Flingueurs après Demolition Man...

Le héros en revanche n'a au début rien d'original. Si je vous dis "flic", vous avez tout compris... Divorcé, ne parle plus à sa femme, est porté sur la bouteille (un peu), est fuit par sa fille et son seul ami (flic et mentor, évidemment) crève doucement à l'hôpital. Mais bon, un humain normal, vaguement intègre. Je ne suis pas tout de suite emballé et il n'y aurait pas eu les deux autres tomes, je ne serai pas forcément allé plus loin. Et puis au fur et à mesure de l'histoire, on rentre dans sa juste dépression, dans ses errements (en particulier lorsqu'il dit qu'il prend plus de temps pour s'occuper des morts et de meurtriers que de sa femme et de sa fille) et dans sa volonté coûte que coûte de vouloir résoudre l'affaire et de se sortir de sa propre morosité.

Avec Les chiens de Riga l'enquête nous emmène en Lettonie à la veille de la chute de l'emprise de l'union soviétique sur les pays des Balkans. Le travers amoureux de Wallander dans ce tome m'a un peu cassé les pieds, mais le personnage s'est encore renforcé. L'ambiance politico-policière est doucement sordide et on se fait couillonner jusqu'au bout.

La lionne blanche en revanche tient plus de promesses. De plus en plus noire avec une enquête qui patauge, des morts inattendus et toujours une ambiance politique tordue ce coup-ci dans l'Afrique du Sud pre-chute de l'apartheid. De son côté Wallander se reconstruit après une bonne destruction sauvage. La maturité de l'auteur s'affirme et la construction de l'histoire est vraiment bien faite.

Au final, le personnage qui ne me donnait initialement pas trop envie serait bien celui qui me ferait avancer maintenant.

En attendant, pour la prochaine lecture, on fera un saut dans les contes de fées pour adolescentes !